L’Ukraine met fin au transit du gaz russe via son territoire

Kiev a refusé de prolonger son contrat de cinq ans avec Moscou malgré les appels des États de l'UE dont la sécurité énergétique est désormais menacée.

La Russie a officiellement suspendu le transit de gaz via l’Ukraine vers l’Union Européenne (UE) à partir du 1er janvier à 8 heures, heure de Moscou.

Gazprom, le géant énergétique russe a annoncé cet arrêt après l’échec des négociations visant à prolonger les accords de transit avec les sociétés ukrainiennes Naftogaz et le gestionnaire du système de transport de gaz d’Ukraine, en vigueur depuis 2019.

Dans un communiqué de presse publié mercredi, Gazprom a déclaré : « En raison du refus répété et clair de la partie ukrainienne de prolonger ces accords, Gazprom a été privé de la possibilité technique et juridique de fournir du gaz via l’Ukraine à partir du 1er janvier 2025. »

En conséquence, les livraisons de gaz à l’Europe via cette route sont désormais complètement suspendues.

L’Ukraine perdra jusqu’à 1 milliard de euros par an en frais de transit de la part de la Russie. Pour compenser cet impact, elle quadruplera les tarifs de transport de gaz pour les consommateurs nationaux à partir de mercredi.

Ce qui pourrait coûter à l’industrie du pays plus de 1,6 milliard de hryvnias (36,4 millions d’euros) par an.

Quel est l’accord gazier entre l’Ukraine et la Russie ?

Plusieurs États de l’UE recevaient récemment du gaz russe via le réseau de transit ukrainien dans le cadre d’un contrat de cinq ans entre Gazprom et Naftogaz, signé en 2019.

L’accord prévoyait que Gazprom ferait transiter 65 milliards de mètres cubes (mmc) de gaz par l’Ukraine en 2020 et 40 mmc par an de 2021 à 2024.

Il a expiré le 31 décembre.

Pourquoi l’Ukraine a stoppé l’accord gazier ?

L’Ukraine a déclaré à plusieurs reprises que l’accord ne serait pas prolongé tant que son conflit avec la Russie serait en cours, malgré les inquiétudes des États européens qui continuent de dépendre de l’énergie russe.

Le Premier ministre ukrainien Denis Chmyhal a réitéré plus tôt ce mois-ci qu’à compter du 1er janvier 2025, Kiev cesserait de transporter du gaz russe et n’utiliserait son réseau de gazoducs que pour livrer du gaz provenant de fournisseurs alternatifs.

Le ministère ukrainien de l’Énergie a déclaré que le flux de gaz russe à travers l’Ukraine « a été interrompu dans l’intérêt de la sécurité nationale ».

Qui est le plus touché par la coupure de gaz ?

Le réseau de transit ukrainien est connecté aux réseaux de gazoducs de Moldavie, de Roumanie, de Pologne, de Hongrie et de Slovaquie, puis à ceux d’Autriche et d’Italie.

La Slovaquie sera la plus touchée par l’arrêt des flux de gaz, car elle dépend des approvisionnements russes via l’Ukraine pour couvrir environ 60 % de la demande.

La Moldavie, ancien État soviétique et candidat à l’adhésion à l’UE, pourrait également être sérieusement affectée par la fin de l’accord de transit, car elle produit une grande partie de son électricité dans une centrale électrique alimentée au gaz russe.

Le Premier ministre slovaque, Robert Fico

En réponse, le Premier ministre slovaque Robert Fico a menacé la semaine dernière de couper l’approvisionnement en électricité de l’Ukraine.

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