L’Espagne, l’Irlande, et la Norvège ont annoncé leur intention de reconnaître formellement un État palestinien la semaine prochaine, une démarche susceptible de renforcer la cause palestinienne mondiale mais risque de tendre davantage les relations entre l’Europe et Israël.
Les trois pays européens affirment que leur décision historique est le meilleur moyen de parvenir à une paix durable au Moyen-Orient.
Mais elle a suscité une condamnation rapide de la part d’Israël, son ministre des Affaires étrangères ayant ordonné le rappel immédiat de ses ambassadeurs de ces pays.
La majeure partie du monde reconnaît déjà un État palestinien. Plus de 140 des 193 États membres des Nations Unies ont officialisé leur reconnaissance. Mais seules quelques nations de l’Union européenne des 27 en font partie.
Vers la légitimation d’un État palestinien
Le Premier ministre irlandais Simon Harris a déclaré mercredi lors d’une conférence de presse à Dublin: « Aujourd’hui, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne annoncent que nous reconnaissons l’État de Palestine. Chacun de nous va désormais prendre toutes les mesures nationales nécessaires pour donner effet à cette décision. »
« Il n’y a jamais de mauvais moment pour faire la bonne chose » , a déclaré plus tard Harris, s’adressant jeudi à Christiana Amanpour de CNN, la chaîne d’information américaine.
« La position privilégiée par mon gouvernement était de reconnaître une solution à deux États dans le cadre d’un processus de paix pour y parvenir, mais malheureusement, un tel accord de paix global semble désormais, à bien des égards, plus éloigné qu’il ne l’a jamais été, », a déclaré Harris.
« Nous pensons qu’on ne peut pas dire qu’on est en faveur d’une solution à deux États et ne pas reconnaître l’existence même de deux États », a-t-il ajouté.
La reconnaissance entrera en vigueur dans les trois pays le 28 mai, selon le ministre irlandais des Affaires étrangères Michael Martin.
Le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre a déclaré qu’un État palestinien était « une condition préalable à la réalisation de la paix au Moyen-Orient ».
« Il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient sans une solution à deux États », a déclaré Støre dans un communiqué. « Il ne peut y avoir de solution à deux États sans un État palestinien. »
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez quant à lui, a cherché à qualifier la décision de non-anti-israélienne.
« Cette reconnaissance n’est pas contre le peuple d’Israël et certainement pas contre le peuple juif », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas en faveur du Hamas. C’est en faveur de la coexistence. »
L’annonce a été bien accueillie par les responsables palestiniens.
Quant à la France, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour que Paris suive l’Espagne et l’Irlande.
Paris a franchi en février un pas diplomatique notable en évoquant la possibilité d’une reconnaissance unilatérale en l’absence de volonté israélienne d’aboutir à une solution à deux États par des négociations.
« Cette décision doit être utile, c’est-à-dire permettre une avancée décisive sur le plan politique » et ne pas relever « seulement d’une question symbolique ou d’un enjeu de positionnement politique », a affirmé le ministre dans une déclaration.
Israël furieux
Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien a déclaré que reconnaître un État palestinien serait une « récompense pour le terrorisme ».
« Ce sera un État terroriste, qui tentera de perpétrer l’attaque du 7 octobre à maintes reprises, et nous ne serons pas d’accord avec cela », a déclaré Netanyahu, ajoutant « ce mal ne doit pas recevoir un État ».
Alors que le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, ordonnait le rappel immédiat de ses ambassadeurs en Espagne, en Norvège et en Irlande, il a déclaré dans un communiqué: « J’envoie aujourd’hui un message clair : Israël ne se retiendra pas contre ceux qui portent atteinte à sa souveraineté et mettent en danger sa sécurité. »
« Après que l’organisation terroriste Hamas ait commis le plus grand massacre de Juifs depuis l’Holocauste, après avoir commis les crimes sexuels les plus horribles que le monde ait connu, ces pays ont choisi de donner une récompense au Hamas et à l’Iran et de reconnaître un État palestinien », a ajouté Katz.
Israël a fait l’objet de vives critiques pour sa guerre. Plus tôt ce mois-ci, un groupe d’experts indépendants de l’ONU (Organisation des Nations Unies) a condamné « l’attaque continue et systématique de violence commise contre les Palestiniens à Gaza ».
L’agence a appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages pris par le Hamas.